prénoms épicènes : Arcade

par Guillaume Kalb

Gendreville (Vosges) vue 23 le 15 novembre 1707 mariage d’Arcade Zacharie Ratte, maître tixier, fils de Claude et Catherine Pierrot, avec Jeanne Dargent, fille de Gabriel et de Claudette Fortune

Arcade Ratte est né vers 1672. Il eut pour fille Gertrude.

Le nom est dit masculin ou mixte. Un site spécifie que 76% d’Arcade sont masculins et 24% féminin. On n’est pas toujours d’accord sur le nombre d’ARCADE : un site dit 612 cas depuis 1946 tandis qu’il n’y a que 57 dans les statistiques (en comptant aussi les cas isolés on ne peut pas arriver à plus de 600!!). Un autre site dit 828 depuis 1900…ça se peut. De 1900 au 1951 il y avait tous les ans 3 Arcade ou plus. Les années max.: 1913 : 22 cas; 1923 21 cas et 1931 20 cas. Remarquable : après 1951, il n’y a eu que 18 cas sur 4 années entre 1953 et 1962…et 0 après. Une fin brutale!

Sur la date de sa fête : pas d’unanimité non plus. Deux sites donnent le 26 janvier (aucune idée pourquoi; peut-être l’un a copié sur l’autre) tandis que les 4 saints portant le nom ARCADE ou ARCADIUS n’ont pas leur fête le 26 janvier. La meilleure date est le 1er août : c’est la date où l’on fête le seul saint ARCADE français. 

saints Arcade

Les ARCADE non-français : 1. Saint Arcade et ses compagnons: saint Paschase, saint Probe, saint Eulychien et saint Paulille ont été martyrisés par les Vandales en 437 en Afrique du Nord. Ils ne voulaient pas accepter la foi arienne des Vandales. Leur fête est le 13 novembre. 
2. En Afrique du Nord aussi : un ARCADE martyr à Césarée de Mauritanie (= à Cherchell près d’Alger) en 259 ou vers 305. L’Afrique du nord faisait partie de l’Empire romain qui voulaient que la religion ne divisât pas les populations mais qu’elle les unifiât. C’est pourquoi ils exigeaient que tout le monde sacrifiât aux Dieux romains et si tu voulais encore sacrifier à tes propres dieux, aucun problème….à condition de sacrifier d’abord aux dieux « officiels ». ARCADE était connu comme chrétien donc il s’enfuit. A sa place, on prit un membre de sa famille.. Lorsqu’il a entendu cela, il se livra aux Romains et refusait de sacrifier. On lui coupa les membres jusqu’à ce qu’il expire. Fête le 12 janvier 
3. Saint ARCADE d’Arsinoé (dans l’île de Chypre) au 3e siècle. Il avait beaucoup de disciples et sa fête est le 29 août.

Mais..qui donc était cet ARCADE français? Hélas, on sait très, très peu de lui : évêque de Bourges selon Nominis décédé en 549 mais selon la liste des évêques de Bourges, il a été évêque de 437-438 et sa fête est donc le 1er août. Admettons… C’était un peu maigre alors je décidais de creuser un peu plus profond. Cela a l’avantage qu’on peut tomber sur des vieux livres et/ou des choses dont on reste bouche-bée.

Dans un livre de Jacques Longueval, un jésuite érudit et historien de l’Église française, paru en 1732 « Histoire de l’Église gallicane », on lit comment saint PATROCLE du Berry a été « sauvé » par l’évêque ARCADE. Patrocle paraît être un bon élève et c’est pourquoi il a la chance d’aller à la cour de Childebert, roi de Paris, pour continuer ses études. Cela allait très bien mais au décès de son père, il lui fallut rentrer : sa mère n’avait pas envie de rester en solitude et elle avait l’idée de marier son fils pour prendre soin d’elle. Patrocle se sentait attiré beaucoup plus par Dieu que par maman pour ne pas parler de l’idée de vivre avec une femme, trop divertissant. En disant : Non, non, non il s’en alla mais la mère le suivit. Il se rend directement auprès d’ARCADE et se jeta à ses pieds en suppliant « Tonsurez-moi! ». Comme il manquait bien de clercs à Bourges et qu’Arcade avait juste le rasoir à la main, c’était vite fait et la mère pouvait rentrer en grinçant les dents (avouez que cette histoire ne se montre pas tellement douce pour elle!). Quelques mois plus tard Arcade ordonna Patrocle diacre. La suite? Disons que Patrocle n’était pas tellement facile non plus: la vie en commune avec ses co-frères ne lui plaisait pas…même ça était trop divertissant!. Alors il va à un petit bourg (Néris, maintenant Néris-les-Bains) y bâtit un oratoire qu’il dédia à Saint Martin et il évangélisait les habitants et instruisait la jeunesse. Mais…il ne se trouvait pas assez seul et il se retirait dans la forêt (18 km est de Néris) où il bâtit un monastère (tout seul??) et pour pas avoir s’occuper des moines et les soucis terrestres que cela amène, il y installa un abbé de sorte qu’il pouvait se vouer à ce qu’il aimait le plus: prier, prier, prier, un peu lire, un peu écrire mais après…justement prier et cela pendant 18 ans. Il décéda à Colombiers en 576 ou 577 et 3 aveugles retrouvèrent la vue après une visite à son tombeau. L’église du 13e siècle lui est dédiée. C’était probablement un homme bien sérieux et dévot mais il n’y avait pas grand’chose pour rire.

Après ça, je tombai sur un livre de 1717 écrit par 2 bénédictins Edmond Martène et Ursin Durand « Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur ». Ils racontent de leur visite à l’église saint Ursin (jadis l’abbaye) de Bourges. L’Église est dédié à Ursin, premier évêque de Bourges (251-280) et on donne une visite guidée aux 2 Bénédictins. Le curé cite surtout les reliques importantes: le corps de saint Ursin et celui de saint Sulpice Sévère (évêque 581-585) mais il parle avec tristesse des reliques qui sont perdues à cause des Huguenots (= les Calvinistes). Avant, ils avaient aussi des reliques de saint Symphorien, évêque, saint Raul (évêque de 839 – 866), saint Just (un saint à comparer avec saint Cyr; un enfant de 9-10 ans avec un culte très populaire), saint ARCADE (évêque de 537-538) et saint Guinefort. Tout ça fut détruit par les Huguenots qui voyaient le culte des reliques comme une des pires hérésies de l’Eglise de Rome.

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